Histoire de l’hypnose
Origines lointaines

L’hypnose est un état modifié de conscience ainsi que les techniques permettant de créer cet état et les pratiques thérapeutiques utilisées pendant cet état.
On peut retracer les origines lointaines de la pratique de l’hypnose chez les guérisseurs chamaniques sur les peintures rupestres préhistoriques.
Les Sumériens(-4000) ont décrit sur leurs tablettes des méthodes hypnotiques.
Il semblerait que certains bas-reliefs égyptiens décrivent des «passes» réalisées par un «magnétiseur». L’énergie serait imagée par des croix ansées partant en direction du patient. Un papyrus trouvé par Georg Ebers contient la phrase «Pose ta main sur la douleur et dis que la douleur s’en aille». D’autres papyrus (-3000) montrent des miroirs utilisés par des médecins probablement comme inducteur hypnotique pour réaliser des anesthésies ou analségies.
Les Grecs anciens pratiquaient une médecine par les songes dans le sanctuaire d’Épidaure (culte d’Asclépios).
Jean François Billeter fait un rapprochement entre les textes de Tchouang-Tseu et la transe hypnotique.
La capacité du roi de France à guérir les malades souffrant des écrouelles en les touchant – «miracle royal» – apparaît au xie siècle sous Philippe Ier
Le médecin Avicenne au xie siècle est probablement le premier à expliciter le concept de suggestion et d’autosuggestion tandis que Paracelse au xvie siècle est un des premiers à mentionner les fluides et la continuité entre le corps et l’esprit.
Freud et l’hypnose
Sigmund Freud a été durablement impressionné, étant jeune, par le magnétiseur public danois Carl Hansen.
En 1885, Freud bénéficie d’une bourse de voyage de la faculté de médecine de Vienne et passe quatre mois à la Salpêtrière avec Charcot. En 1886, s’inspirant des travaux de son maître parisien, il donne une conférence à Vienne sur l’hystérie masculine et, en 1887, il devient lui-même praticien de l’hypnose. En 1889, Freud se rend à Nancy avec sa patiente Anna von Liebenpour rencontrer Liébeault et Bernheim, dont il a traduit en allemand le livre De la suggestion & de ses applications à la thérapeutique.
Cette même année, il décide d’appliquer la méthode de Pierre Janet qui est parvenu à guérir des malades de leurs symptômes en retrouvant et désuggérant sous hypnose divers souvenirs traumatiques de leur enfance. Freud passe ensuite à la méthode cathartique de Josef Breuer, utilisant l’hypnose pour faire revivre affectivement à ses patients des événements traumatiques oubliés.
À l’automne 1892, Freud délaisse progressivement l’hypnose proprement dite au profit de la «concentration» à l’état de veille et surtout de la «Druckprozedur» consistant à presser sur le front des patients et à leur demander d’évoquer une idée ou une image. Cette technique, que Freud avait hérité de Hippolyte Bernheim restait une technique de type hypnotique qui avait notamment été utilisée par le magnétiseur danois Carl Hansen.
Abandonnant l’hypnose en 1895, Freud trouve une limite dans son application du fait de la variabilité de la suggestibilité des patients. À la suite de Charcot, il considère que le modèle des patients susceptibles d’être influencés devrait être les hystériques mais que, même pour ces personnes, la technique de suggestion et/ou l’hypnose ne fonctionne pas suffisamment pour fonder un traitement. L’hypnose étant une manipulation du sujet, qui au sortir de l’hypnose ne peut entendre ce qu’il a dit pendant, du fait qu’il se trouve à nouveau confronté à ses résistances, elle est inconciliable avec l’orientation que prendra la psychanalyse par la suite : la parole et la libre association qui permettent au sujet d’avoir une part active dans la pratique et de se confronter à ses blocages.
En 1917, lors de la dix neuvième conférence d’introduction à la psychanalyse, il déclare: «je suis en droit de dire que la psychanalyse proprement dite ne date que du jour où l’on a renoncé à avoir recours à l’hypnose».